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Le Conseil d'administration de SCOR SE, réuni le 8 novembre 2022 sous la présidence de Denis Kessler, a approuvé les comptes du Groupe(2) pour les neuf premiers mois de l’année 2022.
Faits marquants :
Au troisième trimestre 2022, le secteur de la réassurance continue à faire face à un environnement difficile. De nombreuses catastrophes naturelles de grande ampleur telles que l'ouragan Ian en Floride, le typhon Nanmadol au Japon et l'ouragan Fiona au Canada, accélèrent les dynamiques favorables du marché de la réassurance, où les capacités se rétractent. L'environnement macroéconomique est également volatile, les banques centrales relevant leurs taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation.
La performance financière de SCOR reflète cet environnement hautement volatile :
- Les résultats de SCOR P&C reflètent la forte sinistralité liée aux catastrophes naturelles (avec des sinistres de EUR 517 millions sur le seul troisième trimestre pour un total de EUR 907 millions pour les neuf premiers mois de l’année). SCOR a notamment enregistré un sinistre de EUR 279 millions lié à l’ouragan Ian au troisième trimestre 2022. Le coût des sinistres liés aux tempêtes de grêle notamment, en France en juin s’élève à EUR 166 millions (en augmentation de EUR 113 millions par rapport au montant enregistré au deuxième trimestre 2022). La sinistralité liée aux dommages industriels et commerciaux a également augmenté au cours du troisième trimestre 2022.
- Les résultats de SCOR L&H bénéficient des tendances porteuses (notamment la baisse du nombre de décès liés à la pandémie de Covid-19 au troisième trimestre 2022).
- Le rendement des investissements bénéficie de la hausse des taux d'intérêt avec un rendement des actifs investis de 1,9 % enregistré sur les neuf premiers mois 2022 (rendement des actifs de 2,3 % au troisième trimestre 2022), qui devrait rester soutenu dans un contexte où les taux d'intérêt continuent d’augmenter : le taux de réinvestissement s’établit à 5,1 % au 30 septembre 2022, comparé à 2,1 % au 30 décembre 2021.
SCOR a également pris des mesures significatives concernant son bilan :
- SCOR renforce ses réserves P&C de EUR 485 millions (soit 2,3 % du montant total des réserves nettes P&C qui s’élève à EUR 21,5 milliards) en adoptant une approche prudente dans un environnement marqué par une forte inflation économique et sociale.
- La libération de marge excédentaire IFRS 4 dans les réserves de SCOR L&H permet de dégager un résultat technique de EUR 460 millions en excès de la marge technique normalisée de 8,3% au troisième trimestre 2022.
- SCOR adopte une approche prudente au regard des hypothèses fiscales pour son bilan, en décidant de ne pas constater d’impôts différés actifs à hauteur de EUR 94 millions au troisième trimestre 2022, soit un montant total de EUR 139 millions sur les neuf premiers mois 2022. Les déficits reportables qui n’ont pas donné lieu à la constatation d’impôts différés actifs pourront être activés ultérieurement. SCOR prévoit d’être en mesure d’utiliser ces déficits reportables, correspondant aux impôts différés actifs, et de réduire la période nécessaire pour leur utilisation.
La position de solvabilité de SCOR demeure robuste, avec un ratio de solvabilité de 217 %, dans le haut de la plage de solvabilité optimale. Cette base de capital solide permettra à SCOR de tirer parti du durcissement des conditions du marché P&C qui s’accélère.
L'effet combiné de ces éléments entraîne la constatation d’une perte nette de EUR -509 millions pour les neuf premiers mois 2022 (et une perte nette de EUR -270 millions au troisième trimestre 2022). Le Groupe se concentre actuellement sur des initiatives de remédiation à court terme. Les engagements et les objectifs à plus long terme présentés de manière conforme à la norme comptable IFRS 17 seront dévoilés au marché en 2023. Ils tiendront compte à la fois du nouveau contexte macroéconomique et des résultats financiers de l'exercice 2022.
- Les primes brutes émises s’élèvent à EUR 14 827 millions sur les neuf premiers mois 2022, en hausse de 6,2 % à taux de change constants par rapport aux neuf premiers mois 2021 (+13,6 % à taux de change courants).
- SCOR P&C (Property and Casualty) enregistre une progression de ses primes brutes émises de 15,8 % à taux de change constant par rapport aux neuf premiers mois 2021 (en progression de 24,1 % à taux de change courants). SCOR adopte une approche plus sélective sur ses lignes de réassurance dites « P&C »(3) et poursuit la croissance de ses lignes de réassurance dites « Global Lines »(4) ainsi que de son portefeuille d’assurance de spécialités, pour lesquelles les conditions de marché sont jugées attrayantes. Le ratio combiné net s’établit à 111,0 %, intégrant une charge liée aux catastrophes naturelles représentant 15,9 % des primes nettes acquises. En sus, SCOR P&C renforce ses réserves pour un montant de EUR 485 millions, représentant 8,5 % des primes nettes acquises sur les neuf premiers mois 2022. Par conséquent, le ratio combiné total s’établit à 119,5 % sur les 9 premiers mois de 2022.
- SCOR L&H (Life and Health) enregistre un recul de 2,0% de ses primes brutes émises, à taux de change constant, par rapport aux neuf premiers mois 2021 (en progression de 4,7 % à taux de change courants). Le Groupe poursuit le rééquilibrage de son portefeuille, privilégiant l’offre de produits et de services en « Santé » et « Longévité » dans un monde post-Covid. Sur les neuf premiers mois de l’année, SCOR L&H enregistre un résultat technique de EUR 863 millions. Ce résultat bénéficie de la libération de marge excédentaire prudentes des réserves de SCOR L&H (dégageant notamment EUR 460 millions au-dessus d’un niveau de marge technique normalisée de 8,3 % pour le troisième trimestre uniquement). Après la libération de marge excédentaire, les réserves SCOR L&H ont un niveau approprié.
- SCOR Investments dégage un rendement des actifs de 1,9 %(5) sur les neuf premiers mois 2022 et un revenu d'investissement de EUR 305 millions. Le rendement courant a atteint 2,2 % sur les neuf premiers mois de l’année 2022.
- Le ratio de coûts du Groupe représente 4,5 % des primes brutes émises sur les neuf premiers mois 2022.
- La perte nette du Groupe ressort à EUR - 509 millions sur les neuf premiers mois 2022. Elle résulte de l'impact combiné des sinistres liés aux catastrophes naturelles (EUR -907 millions) et de la non-constatation de crédits d'impôts différés (pour un montant total de EUR -139 millions), tandis que l'impact du renforcement des réserves P&C est en grande partie compensé par la reprise de marge excédentaire prudente sur SCOR L&H au troisième trimestre 2022.
- Le Groupe dégage un cash-flow opérationnel positif de EUR 54 millions sur les neuf premiers mois 2022, grâce au cash-flow positif de EUR 867 millions généré par SCOR P&C alors que le cash-flow généré par SCOR L&H est négatif à EUR -813 millions. Celui-ci s’explique notamment par le paiement des sinistres liés à la pandémie de Covid-19 (y compris des sinistres survenus lors des exercices antérieurs), bien que le nombre de décès liés à la pandémie de Covid-19 soit en baisse. Les liquidités totales du Groupe sont à un niveau élevé et ressortent à EUR 2,3 milliards au 30 septembre 2022.
- Les capitaux propres du Groupe ressortent à EUR 5 430 millions au 30 septembre 2022 en baisse par rapport au 31 décembre 2021, où ils étaient de EUR 6 402 millions. Il en ressort un actif net comptable par action de EUR 30,39, à comparer à EUR 35,26 au 31 décembre 2021. La variation s’explique principalement par la réévaluation (instruments valorisés à la juste valeur par capitaux propres) et représentant un montant de EUR -1 117 millions pour les 9 premiers mois de 2022.
Les moins-values actuelles sur le portefeuille obligataire (EUR 1 595 millions au 30 Septembre 2022) ne se matérialiseront pas et se réduiront rapidement et fortement avec l’arrivée à maturité des titres le composant (réduction de EUR 1 128 millions au cours des 3 prochaines années). - Le ratio d’endettement financier du Groupe, à 31,0 % au 30 septembre 2022, augmente de 3,2 points par rapport au 31 décembre 2021 (27,8 %), du fait de la baisse des capitaux propres. Ajusté de l'impact négatif de la réévaluation (instruments financiers valorisés à la juste valeur par capitaux propres) sur le portefeuille obligataire, le ratio d’endettement s'établit à 27,0 % au 30 septembre 2022.
- Le ratio de solvabilité du Groupe est estimé à 217 % au 30 septembre 2022, dans la borne haute de la plage de solvabilité optimale de 185 % - 220 %, telle que définie dans le plan stratégique « Quantum Leap ».
Point sur la stratégie du Groupe : recentrage sur un plan à un an
SCOR évolue actuellement dans un environnement en pleine mutation, porté par plusieurs changements de paradigmes : la conjonction de taux d'intérêt plus élevés et du retour de l'inflation, ainsi qu'une forte activité en matière de catastrophes naturelles et la pandémie ont un impact profond sur le secteur de la réassurance. SCOR adapte en conséquence sa stratégie à ce nouvel environnement en renforçant sa résilience, en se concentrant sur un plan d'actions à horizon un an, afin de positionner au mieux le Groupe dans ce nouveau régime et lui assurer des performances durables.
SCOR se concentre sur le retour à la rentabilité et la réduction de la volatilité
Le Groupe a déjà pris des mesures correctives significatives en 2022 :
- Courant 2022, SCOR a réduit son exposition aux activités les plus volatiles (catastrophes naturelles et mortalité aux États-Unis), une décision qui a déjà commencé à porter ses fruits.
- SCOR a durci ses exigences de souscription et d’exposition dans la branche P&C. Le Groupe a revu ses hypothèses tarifaires en prévision des renouvellements de 2023 afin de tenir compte, notamment, du nouvel environnement inflationniste.
- SCOR assure la résilience de son bilan avec précaution, à travers un examen approfondi de ses provisions pour la branche P&C et en suivant une approche prudente dans un contexte de forte inflation.
Le groupe maintiendra le cap en 2023 et a identifié trois priorités stratégiques :
- Le retour à la rentabilité : le Groupe procède à une gestion proactive de son portefeuille de souscription afin d'améliorer la rentabilité et réduire la volatilité. Parallèlement aux mesures actuelles axées sur la souscription et sur la tarification, SCOR agit pour limiter les répercussions de l’inflation sur sa base de coûts, grâce à la mise en place d'une organisation agile et allégée qui permettra de réaliser des gains d'efficacité annuels de EUR 125 millions d'ici 2025.
- Tirer le meilleur parti des courants porteurs du marché de la réassurance : grâce à la solidité de son bilan, SCOR est assuré de bénéficier des tendances de marché favorables tant sur l’activité P&C, grâce à l’évolution positive du cycle de réassurance, que sur l’activité L&H, en saisissant les opportunités de croissance post-pandémie. Le portefeuille d'investissement de SCOR bénéficiera rapidement de taux de réinvestissement plus élevés grâce à la duration courte de ses actifs investis.
- S'appuyer sur un bilan résilient : SCOR maintiendra un bilan résilient, pour assurer un niveau de sécurité approprié à ses clients et à ses parties prenantes. SCOR offre à ses clients un niveau AA de sécurité du capital.
SCOR s’est fixé des orientations stratégiques ambitieuses pour ses deux branches d’activité.
La stratégie de SCOR L&H s’inscrit dans la continuité pour libérer tout le potentiel de valeur de son fonds de commerce de premier plan. Le Groupe va notamment s’appuyer sur le segment « Mortalité » aux États-Unis, tout en diversifiant son portefeuille
- Dans les zones géographiques APAC et Europe,
- En renforçant sa présence en « Longévité ».
SCOR P&C va renforcer son fonds de commerce dans la réassurance. Afin d'assurer une performance durable tout au long du cycle, SCOR va tirer parti du durcissement du marché de la réassurance, après le développement réussi de sa plateforme d'assurance de spécialité. Pour absorber les chocs dans un environnement de plus en plus volatile, SCOR entend construire un portefeuille résilient en s'appuyant sur ses positions de leader en Europe et dans les lignes de réassurance dites « Global Lines ».
L’impératif stratégique des réassureurs est d'offrir une proposition de valeur différenciée à la fois dans les activités L&H et P&C. SCOR anticipe ces perspectives, en accélérant le développement de solutions basées sur l’analyse de données et sur la connaissance pour ses clients et en favorisant les partenariats et les investissements technologiques qui lui permettront de choisir les risques et les clients de demain.
SCOR parachèvera son cadre de performance économique fondé sur les normes IFRS 17 en 2023.
La mise en place du cadre comptable IFRS 17 est en cours. Le Groupe est convaincu que l’application des normes IFRS 17 lui sera bénéfique. Elles révéleront la valeur de son portefeuille L&H. Les résultats du premier trimestre 2023 seront présentés conformément à la norme IFRS 17. Les principaux indicateurs de performance préconisés par cette nouvelle norme sont déjà identifiés ; ils doivent encore être calibrés et stabilisés pour intégrer la volatilité actuelle du marché. La traduction des objectifs stratégiques de SCOR sous IFRS 17 sera donc présentée en 2023.
Cette approche proactive de la gestion de ses activités aidera SCOR à enregistrer des performances durables au bénéfice de toutes ses parties prenantes, créatrices de valeur économique sur le long terme pour ses actionnaires et apportant à ses clients une proposition de valeur différenciée et durable.
Denis Kessler, Président de SCOR, déclare : « Devant les résultats décevants du Groupe, le conseil d’administration a demandé au management d’accélérer la mise en œuvre de mesures fortes pour renforcer la rentabilité technique de SCOR et améliorer sa performance opérationnelle. Le conseil veillera à ce que leur mise en œuvre soit poursuivie avec détermination. Ceci permettra au Groupe de tirer au mieux parti de l’amélioration du marché de la réassurance de dommages et de responsabilité en termes de hausse des tarifs et de durcissement des termes et conditions.»
Laurent Rousseau, Directeur général de SCOR, déclare : « Le trimestre a été difficile et les résultats sont loin des anticipations du Groupe. Notre priorité à court terme est de restaurer notre performance financière. Le Groupe a déjà pris des mesures significatives pour améliorer sa performance, réduire son exposition aux catastrophes naturelles et afficher des provisions prudentes pour contrer les effets combinés de l'inflation sociale et économique. Les résultats du troisième trimestre montrent néanmoins que nous devons aller encore plus loin et continuer d’agir avec détermination pour rétablir une dynamique de souscription favorable et redresser la rentabilité du Groupe.
Le durcissement du marché P&C, l’augmentation de la demande pour des produits de réassurance vie et l’augmentation des taux d’intérêt sont autant de facteurs qui devraient favoriser un développement positif pour les réassureurs. Je suis convaincu que nous disposons d'une base solide qui nous permettra de tirer le meilleur parti de ces courants porteurs.
Nous communiquerons en 2023 les indicateurs clés de performance conformes à la nouvelle norme IFRS 17 et qui révéleront la valeur économique de SCOR.»
(1) À taux de change constants.
(2) Les résultats financiers des neuf premiers mois 2022 présentés dans ce document n’ont pas été audités.
(3) La catégorie de traités de réassurance P&C inclut les branches Dommages, Dommages cat., Responsabilités, Automobile et d’autres lignes d’affaires apparentées (Assurances de personnes, Nucléaire, Terrorisme, Risques spéciaux, Extension de garantie automobile et Rétrocession).
(4) La catégorie de traités de réassurance Global Lines inclut les branches Agriculture, Aviation, Crédit Caution, Assurance décennale, Engineering, Marine et Énergie, Espace, et Cyber.
(5) Au cours des neuf premiers mois 2022, les actifs investis classés à la juste valeur par le compte de résultat s’entendent hors EUR -38 millions relatifs à l’option émise sur les actions propres de SCOR. Le rendement des actifs de 1,9 % pour les neuf mois 2022 a été calculé selon les dispositions de la norme IFRS 9. Il intègre l’effet des pertes de crédit attendues et la variation de la juste valeur des actifs comptabilisés à la juste valeur au compte de résultat. Sans ces éléments (qui n’auraient pas été comptabilisés selon la norme IAS 39), le rendement des actifs aurait été de 2,1 %.